dimanche 15 mars 2009

Message #09

Bonjour à tous, 

Peu de billets bien qu'ici et là on m'a fait comprendre (ou m'ait fait comprendre ? Un grammairien pourrait-il m'éclairer ?) les attendre. Le problème, c'est que je ne suis pas aussi prolixe qu'un Maître Eolas, ou même aussi inspiré, pour l'écriture. Pour autant, mes expériences se poursuivent et j'aurais tant à raconter, comme les festivités qui ont marqué le nouvel an chinois. 

J'avais dit que le nouvel an (grégorien) n'était que relativement peu fêté mais que le nouvel an chinois devait l'être avec plus de faste. C'est assez vrai : l'atmosphère de fête dure pendant plusieurs semaines. Elles commencent une semaine avant le jour J puis se poursuivent toute la semaine après. La guerre est effectivement déclarée par des pétards, tout le temps, et surtout la nuit. De fait, pendant ces quelques jours, j'ai quand même été plutôt chanceux car ma famille chinoise se retrouve dans un quartier très éloigné du centre-ville et très calme (D'aucun diront : mort). Cela dit, quand les explosions commencent, c'est vraiment très spécial. On se croirait en pleine guerre et je plains les habitants de Gaza : comment dormir dans ces conditions ? Les détonations sont vraiment très fortes et en continu. Chacun y va de son petit feu d'artifice ou de sa ceinture de pétards qui vont tous sauter les uns après les autres. Dans les jardins, dans les rues, sur les trottoirs. Ça devient même dangereux à mon avis car un éclat est si vite arrivé. On sent constamment dans les rues la fumée des explosions. 
Pour la petite histoire, ces explosions continues sont là pour éloigner un méchant monstre, un dragon je crois. La légende raconte qu'il y a très longtemps un monstre descendu de la montagne sema la terreur parmi la population mais qu'il fut effrayé par les explosions. Alors, à partir de ce jour, les Chinois firent exploser leurs pétards chaque nouvelle année pour éloigner le monstre. Et que s'appelerio Quezac.

Pendant cette période, on mange beaucoup d'une espèce de ravioli cuit à la vapeur. À l'origine, je ne trouvais pas cela désagréable, mais j'en ai tellement mangé que leur simple vue me donne la nausée. La nourriture chinoise d'une manière générale finit toujours par gaver au bout d'un moment. Je n'aurai jamais cru dire cela un jour, mais McDonald's est devenu un de mes amis. Un peu de nourriture poubelle parfois n'est pas pour me déplaire. Retrouvons les mauvaises habitudes occidentales. 
La semaine de festivité qui suit est également l'occasion de vacances pour beaucoup de Chinois. Traditionnellement, ils retournent dans leur ville natale pour voir la famille et ce genre de choses. Ma famille chinoise m'a donc emmené faire visiter la province du Shandong où se trouve Qingdao. Cela m'a permis de voir la Chine de l'intérieur, avec des belles choses et aussi des souvenirs un peu écoeurant. On voit bien que ce n'est pas la même culture ! Je me suis rendu dans des restaurants où ne vont que les locaux. La nourriture est bonne mais... 
Commençons par le début. Il s'agit d'un restaurant de barbecue. Sur votre table, on vous apporte un brasero pour votre viande. La table est très basse, et votre tabouret encore plus petit. Les murs de ce restaurant était d'un blanc sale et le sol, très noir. J'ai vite compris pourquoi : les Chinois jettent tout par terre. Quand vous mangez votre grillade, vous recracher les os par terre. Quand il s'agit parfois de fruits de mer grillés, vous jetez aussi les arrêtes ou les carapaces par terre. Votre serviette usagée ? Par terre. J'avais deux tasses : une pour le thé, une pour la bière. Un des amis veut me servir de la bierre mais se trompe et en met dans mon thé. S'apercevant de l'erreur, il prend ma tasse et la vide à mes pieds sans autre forme de procès. 
Au début, c'est très troublant, et puis après quelques minutes, on oublie d'être discret et on recrache ses petits os par terre, comme tout le monde. Si vous voulez cracher tout court, vous gênez pas, vous pouvez le faire aussi. Même si vous mangez. 

Car ça aussi c'est un truc auquel j'ai dû m'habituer en Chine : les crachats. Tout le monde crache dans la rue. Hommes, femmes, tous oublient la noble dignité que l'homme blanc était venu leur inculquer pour les mener vers le progrès occidental. Au début, c'est très désagréable. Au bout de quelques semaines, vous n'y prêtez plus attention. Pour passer le temps, vous pouvez même chercher à suivre le cheminement à l'oreille du glaviot qui s'apprête à sortir : encore dans la trachée, on racle bien tout ce qu'il y a à racler, puis en formation finale dans la bouche avant de passer les lèvres. S'il n'y a pas trop de bruit dans la rue à ce moment là, vous pouvez aussi écouter le bruit qu'il fait en tombant sur le sol et tâcher d'en trouver la composition grâce à cette précieuse information. Si vous attendez votre bus (bondé, rappelez-vous) et que vous n'avez rien d'autres à faire à part écouter les Grosses Têtes podcasté sur votre MP3 qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un Ipod mais que vous n'avez payé que 15 Euros en Chine, vous pouvez même garder la tête baissée et regarder le trottoir pour discerner les différentes couleurs du glaviot, qui va du blanc au jaune-orangé, voire marron. Parfois vert mais c'est très rare et ça nous donne le droit de faire un voeu. 

Pour rester dans le trash (De toute manière, il n'y a que ça qui intéresse les gens de nos jours et je suis bien obligé d'occuper ce créneau si je veux garder mes lecteurs), il y a aussi les toilettes publics. Revenons dans ce restaurant du quartier populaire que je décrivais. À force de boire de la bière, je suis pris d'une légitime envie d'évacuer ce liquide qui s'accumule un peu trop quelque part, vers mon bas-ventre. Vous le savez, la proportion est universelle entre la France et le Canada : vous buvez une bière, vous en pissez trois, et Lavoisier avait donc tord (Le trash n'interdit pas l'humour intellectuel. Et si vous n'êtes pas capable de comprendre ma blague, sachez que vous faites parti d'un de ces "amis" que je ne peux m'empêcher de mépriser)(Mais rassurez-vous, ça ne m'empêchera pas de dîner avec vous un de ces jours en vous persuadant que ce que vous êtes en train de me raconter m'intéresse). 
Je demande donc où je peux trouver des toilettes. Le restaurant n'en comptait pas, car à deux pas se trouvait des toilettes publics, un petit bâtiment rectangulaire. Je ne peux repenser aux grandes heures du communisme ou tout, absolument tout, était mis en commun. Ledit bâtiment doit probablement dater de cette époque ; je prends donc la direction dudit bâtiment pour entrer dans icelui. 
À peine eus-je passé la porte que je me retrouve nez-à-nez avec un Chinois accroupi au-dessus d'un trou en train d'assouvir un besoin encore plus important que le mien. Dissimulant la surprise (ce qui se traduisit par un léger haussement de sourcil) grâce à un entraînement acquis à force de dîners mondains, je regardai autour de moi pour détailler l'endroit. D'un côté, l'emplacement pour les gros besoins : une allée de trous alignés, séparés simplement par des murets de moins d'un mètre, et aucune porte nulle part. De l'autre, l'emplacement pour les petits besoins pressants comme le mien : juste le mur du bâtiment. Vous vous oubliez, ça ruisselle dans la rigole et ça s'évacue grâce à une légère inclinaison de la rigole, comme quoi tout est pensé. La dizaine d'emplacements pour les gros besoins étaient tous pris, comptant donc autant de Chinois accroupis au-dessus du trou se délestant sans autre forme de procès de leurs selles. 

Entre les "gnnn" poussifs et les "ploc" abrupts, je n'ai pas réussi à satisfaire mon besoin. Désolé, mais j'ai besoin d'une certaine concentration et je n'y suis pas parvenu dans un tel lieu. 

dimanche 15 février 2009

Message #08

Je sais à quel point vous attendez mon prochain message, et sachez bien que quelque part, je regrette de vous avoir infligé une telle attente. Cela dit, comme nous disait Goebbels en quittant un camp de concentration pour partir visiter la Hollande : « On ne peut pas à la fois être au four et au moulin »(Citation que nous révèle le biographe officiel de Goebbels, Pierre Desproges). Bref, j'ai été passablement occupé, et comme je n'ai pas une vie de geek comme vous, pauvres petits vers fascinés par l'écran d'ordinateur et votre statut sur Facebook, je n'ai pas eu le temps d'écrire beaucoup pour vous parler de la Chine, et de la misère que j'y vois.

Comme j'ai eu l'occasion de le dire, Qingdao ne manque pas de richesse. Pour autant, la Chine est une terre de contraste. Et quand vous êtes blanc en Chine, c'est un peu comme se promener avec un dollar tatoué sur le front. Vous attirez la plèbe comme une tartine de miel attire les mouches. Concrètement, à quoi ressemble cette bête curieuse que l'on appelle vulgairement « le pauvre » ? Il y en a différentes sortes, et comme j'ai eu l'occasion de le dire aussi, certaines pourraient blesser le coeur que je n'ai pas. Ainsi, parmi le plus "trash", il y a les mères qui s'assoient dans la rue avec leur bébé dans les bras et qui attendent simplement la générosité du passant. Quand le bébé apprend à marcher et à dire "merci", il vient directement vous demander de l'argent, tenant un petit gobelet ou n'importe quel récipient pouvant faire l'affaire, puis il vous regarde avec un air du chat botté dans Shrek et ne vous lâche plus jusqu'à ce que vous lui ayez donné quelque chose. Il arrive qu'ils s'agrippent à vos jambes et s'excitent dessus comme un chien en chaleur. Attention, je sais que mes comparaisons peuvent choquer les âmes sensibles, mais j'ai le plus grand respect pour le peuple chinois. Je ne fais que vous donner une image (Même si je préfère quand ils s'agrippent à ma jambe gauche, ça porte bonheur).
Il est quand même assez malheureux que la Chine, une des puissances économiques majeures et qui ne manquent pas d'argent dans ses caisses laisse ce genre de situation arriver. Certes, même en France on a des clochards poliment appelés SDF pour ne pas trop déranger nos consciences, mais là, il s'agit quand même d'enfants !

Autre modèle de mendiants, les vieux. Ils ont une tête de grand sage chinois comme on se les représente dans les films, avec des cheveux et une petite barbe blanche. Leur attribut semble être un grand bâton de bois qui rappelle celui des pèlerins. Ils marchent voûtés, à l'aide de leur bâton, ou alors ils sont simplement agenouillés par terre, devant le récipient devant récupérer l'argent, et ne cessent de s'incliner sans cesse sur le sol pour demander notre générosité.

Enfin, il y a aussi les pauvres qui viennent des provinces, ces migrants illégaux qui n'ont pas le droit de quitter leur province mais qui le font quand même dans l'espoir de trouver du travail en ville. J'ai eu l'occasion de les "étudier" en cours, avant de me rendre compte que même dans les actualités françaises on en avait parler récemment. Je les vois tous les jours, quand je prends mon bus pour aller au travail. Ils sont là, des dizaines, parfois tout seul, parfois discutant entre eux. Certains ont des outils avec eux, mais la majorité n'ont rien d'autres à proposer que leur bras. Et puis ils attendent, ils attendent, ils attendent qu'une voiture ou une camionnette s'arrête pour se masser autour d'elle en espérant se faire engager pour quelques heures ou la journée.
Quand on est sur les routes, on a parfois l'occasion de voir une camionnette avec à l'extérieur, sur l'espace où on transporte les outils, une ou deux personnes, assises, généralement enroulées dans leur manteau pour pas trop attraper froid.
Le Vice-Président de la compagnie où je travaille, un Américain originaire de Californie, me dit qu'ils ont plus ou moins la même chose, mais avec des Mexicains cette fois. Je me demande quand même comment ces gens font pour vivre. Trouvent-ils toujours du travail ? Quel que soit le moment de la journée, j'en vois toujours à certains endroits qui attendent...

Bref, c'est aussi ça, la Chine...

samedi 24 janvier 2009

Message #07

Allez, poursuivons un peu le périple chinois en indiquant pour certains que malheureusement, Alain Bernard n'est pas populaire ici. Dans le domaine des sportifs que l'on voit partout, c'est Yao Ming qui remporte la palme. Ce joueur de basket évoluant en NBA et qui mesure 2,27m sans les talonnettes est une véritable icône vivante et un modèle de réussite. Je ne sais plus si je l'avais évoqué, mais c'est le basket qui passionne les Chinois.

Concernant les voitures japonaises... On en trouve, tous comme les produits japonais. C'est là le paradoxe de la Chine. Je ne vais pas aller jusqu'à dire que les produits japonais sont omniprésents, mais je pense qu'ils se taillent une bonne place dans le panier d'achat de la ménagère de moins de cinquante ans. Et pourtant, le Chinois n'est jamais aussi teigneux que quand on lui parle du Japonais (ou de Sarkozy. J'y reviendrai en évoquant succinctement le Tibet). Avec leur autorisation, je pose parfois quelques questions aux Chinois qui m'entourent : au travail, dans la famille où j'habite, aux eÿmis que je me suis fait, etc. Et je n'en ai vu aucun qui se montre gentil avec le Japon. Tous évoquent le passé difficile et la guerre qui a fait des millions de morts.
Il faut bien comprendre que, contrairement à l'Allemagne, le Japon n'a jamais fait d'excuses officielles à la Chine pour la seconde guerre mondiale et que Tokyo prend régulièrement la voie du révisionnisme. Forcément, ça ne facilite pas les relations. Une collègue pense fermement qu'un jour, le Japon se lancera de nouveau dans une expansion territoriale, à l'encontre de la Chine, bien sûr. Une autre personne me racontait cette histoire qui se passerait selon elle dans les écoles japonaises : on montre aux enfants deux pommes, une petite et une grosse, en leur demandant laquelle ils préfèrent. Naturellement, ils répondent qu'ils préfèrent la grosse. Le professeur leur dit alors que la petite a poussé ici, au Japon, et la grosse en Chine. Et que si l'on veut des grosses pommes... vous avez compris le raisonnement.
Donc pour résumer tout ce que j'ai pu voir jusqu'à présent, je dirai que le comportement des Chinois envers les Japonais va d'un mépris et d'un certain ressentiment dans le meilleur des cas jusqu'à être convaincu que tôt ou tard, la Chine se soulèvera une nouvelle fois à la vue des Nippons qui débarqueront.

Restons un peu sur les sujets sensibles en évoquant le Tibet et Taiwan. Quand ils l'évoquent d'eux-même, ils disent spontanément "Taiwan province". Si je l'évoque en parlant de l'État de Taiwan, ils me corrigent immédiatement avec un petit sourire et précise que Taiwan est une province. J'ai demandé il y a quelques jours à un ami ce qu'il penserait si les Taïwanais eux-même se prononçaient pour une indépendance formelle, dans le cadre d'un référendum. Il semblait plus ou moins gêné, mais il finit par me dire que les Taïwanais ne pourraient pas faire cela, qu'ils sont Chinois, et que c'est quelque chose qu'on ne peut pas renier.
L'intégrité du pays est très importante. C'est pourquoi évidemment le Tibet ne saurait devenir indépendant. De ce point de vue là, tous les Chinois que j'ai pu rencontrer n'apprécient pas Sarkozy. L'un m'a dit que "ce n'était pas un homme sage", un autre que "Chirac était un ami de la Chine, mais pas Sarkozy". Pour ma part, je leur explique que de mon point de vue, Sarkozy s'en tamponne le coquillard du Tibet et des Droits de l'Homme (ouais, je sais ce qu'a dit le candidat, mais je sais ce qu'a fait le Président) mais que pour des raisons de politique intérieure, il pouvait difficilement échapper à une rencontre avec le Dalaï-Lama. Et quand je leur explique que les Français aiment beaucoup le Dalaï-Lama, j'ai droit aux mêmes visages surpris, et à la même question : "Pourquoi ?".
Les Chinois ne voient pas un vieil homme seul qui ne fait que lancer des appels à la paix et qui affronte un pays surpuissant avec une armée taille XXXL, ils voient un homme qui cherche à détruire le pays. En ce sens, ils n'acceptent pas que Sarkozy ait rencontré le Dalaï-Lama. Seul un Chinois apprécia cela. Il m'a dit que si le Tibet s'est révolté, c'est peut-être parce que le Gouvernement central a mal fait quelque chose. Par conséquent, la rencontre de Sarkozy peut faire pression sur le gouvernement pour qu'il améliore sa politique envers le Tibet. Alors les Tibétains n'auront plus de raison de se plaindre et ils resteront Chinois. Notez bien que même dans cet avis nuancé, il n'est nulle question d'indépendance tibétaine. Point que n'a d'ailleurs jamais revendiqué le Dalaï-Lama à ma connaissance, bien que les Chinois en soient persuadés (tout comme bon nombre d'étrangers qui se montrent en fin de compte plus Royalistes que le Roi).

Et la censure, me direz-vous ? Et bien la censure, ce n'est plus comme lors de la première guerre mondiale où l'on pouvait voir des encadrés blancs dans les journaux parce qu'un officier politique avait demandé à ce que cette nouvelle ne soit pas diffusée. En conséquence de quoi il m'est difficile de me prononcer sur la censure chinoise au niveau de l'actualité puisque je ne suis pas censé m'en rendre compte. De toute manière, ne lisant pas le chinois, je ne peux pas comparer les nouvelles des sites d'informations d'ici à ceux du monde.fr.
En revanche, là où je note certaines preuves de censure, c'est sur Internet. De nombreux sites sont inaccessibles. Ils ne sont pas nécessairement "dangereux", certains sites que je consultais depuis le Canada n'avaient strictement aucun rapport avec la politique ou avec certains sujets sensibles. Mais je suppose que le filtre chinois doit être assez sensible. Cependant, en passant par des proxys, on finit toujours par accéder à ce que l'on veut. Quand vous tombez sur un site censuré, vous avez une pleine page de chinois avec plein de liens, je ne sais pas ce que c'est exactement. Ou bien on vous dit que vous n'êtes plus connecté à Internet. Cela me fait surtout cela sur certaines vidéos de Youtube (Je voulais regarder une vidéo de Qingdao le jour de manifestations antifrançaises devant le Carrefour de la ville). J'en profite pour préciser que les Chinois adorent la France et Paris, une ville qu'ils considèrent comme étant très romantique (ahah... les fols.) et qu'ils aiment vraiment les Français. La rupture est uniquement politique.

Voilà qui devrait répondre aux questions que l'on nous posa. Prochain article consacré à la pauvreté que je constate.

dimanche 18 janvier 2009

Message #06

Bien le bonjour, chers surfeurs du dimanche,

Brisons le suspense : j'ai obtenu de l'argent très facilement le lendemain de mon arrivée en me rendant à un guichet qui acceptait les cartes Mastercard et qui était pourvu en billets de banque. Avouez que vous aviez oublié cette histoire.

Aujourd'hui, ce sera un article plutôt décousu puisque je ne vais pas évoquer un point précis de ma vie chinoise mais me contenter de répondre aux questions posées par le divin Pat (Pour ceux qui ne le connaissent pas... Bin c'est pas forcément plus mal en fait).
Commençons par l'éducation des enfants. Le passage sera plutôt rapide car je n'ai pas vraiment de points de comparaison, à part Lisa, la petite fille de neuf ans de ma famille d'accueil. Comme je l'ai déjà dit, les jeunes enfants chinois vont à l'école d'environ 7h30 du matin jusqu'à 16h, 16h30, après quoi ils devront se mettre sur deux heures de travail quotidien. De temps en temps, je vois le père qui gronde sa fille pour un manque d'attention ou pour une faute bête (du moins, je le suppose à voir leurs visages et leurs gestes). Bref, il est dans le rôle du père protecteur qui cherche à faire rentrer dans la tête de sa fille toutes les subtilités des mathématiques, de l'écriture des Hanzi, et qui s'étonne qu'elle n'ait pas retenue combien font 7 x 8. Un modèle de père plutôt commun en somme. Presque universel. J'ai eu plus ou moins le même. Pour l'éducation plus générale, c'est là aussi partout pareil : finis ton bol de riz avant de quitter la table, quoi. Ou alors tu devras le finir demain matin au petit déjeuner. Tu sortiras jouer à la corde à sauter avec ta copine quand tu auras fini tes devoirs. Va te coucher, tu as de l'école demain, etc, etc. L'éducation n'a rien de révolutionnaire désormais.

Pour ce qui est du temps libre des Chinois, ils le passent là aussi devant l'ordinateur ou devant la télé. Les Chinois sont très férus d'Internet et ils forment la première communauté en ligne du monde (En même temps, vu la taille de la population, c'est facile d'atteindre rapidement des grands nombres). La télé est... très chinoise. Tout d'abord, la quasi-totalité de toutes les émissions ou films sont automatiquement sous-titrés. Comme je l'ai dit dans un précédent article, il existe plusieurs types de chinois en Chine qui ne sont pas mutuellement compréhensibles. En revanche, ils s'écrivent toujours de la même manière. Par conséquent, deux Chinois qui parleraient cantonais et mandarin pourraient malgré tout communiquer s'ils prennent une feuille de papier, un stylo, et qu'ils écrivent. À moins qu'ils soient modernes et utilisent QQ. QQ, c'est le MSN chinois. MSN n'est pas très utilisé par les Chinois. QQ est un logiciel équivalent. Je me suis créé un compte dessus histoire de pouvoir parler en ligne plus facilement.
Mais pour revenir à la télé, toutes les chaînes sont pleines de feuilletons qui doivent être l'équivalent des "Feux de l'Amour". Aussi mal tournés et aussi mal joués. Il y a aussi des émissions de divertissements qui ressemblent fortement à ce que l'on s'imagine de la télévision japonaise : des présentateurs très exaltés, des bruitages constants, des petits effets spéciaux pour donner une impression de mangas parfois. Voici pour exemple un extrait d'une émission quelconque : http://www.youtube.com/watch?v=zl-D5XvRLsA&feature=related
Et bien sûr, les Chinois sont de grands joueurs devant l'Éternel. Le mahjong n'est pas très joué par ici, il est plus présent dans le sud du pays. Dans le nord, ce sont les jeux de cartes. Toutes les fins de semaine, des amis se retrouvent dans le salon de ma famille d'accueil et ils jouent jusqu'à très tard dans la nuit (ou tôt le matin, ça dépend du point de vue). J'ai essayé d'apprendre les jeux mais je les trouve très complexes. Ils jouent sans cesse avec ce que j'estime, à vue d'oeil, 4 jeux de 52 cartes.

Pour les vêtements, c'est du pur style occidental maintenant. Les costumes traditionnels sont réservés pour le mariage. Par contre, j'ai l'occasion de voir sur certaines personnes des gros manteaux très old school, hein, sans doute des restes des cadeaux de l'URSS. Gros manteaux épais bleu ou vert caca d'oie avec des boutons d'or (bon, disons dorés, au moins). Ça fait très communiste mais au moins, je pense que ce doit être parfait pour les températures plus fraîches de l'hiver.

Concernant la boisson, je ne surprendrai personne si je disais que la Chine est le pays du thé. Toutes sortes de thé. Et je dois avouer que c'est un très bon thé. Il est vrai qu'en France ou au Canada, la différence entre le thé et l'eau chaude est affaire de subtilité. Pas en Chine ou au moins le thé goûte réellement le thé. Mais avec ou sans thé, les Chinois boivent toujours de l'eau chaude. Cela tient à une raison historique je crois : l'eau courante n'était pas propre à la consommation, et même maintenant il est déconseillé de boire l'eau du robinet (le PCC dit le contraire mais bizarrement, les Chinois semblent avoir du mal à le croire) sans la faire chauffer. C'est donc une habitude. Même les fontaines d'eau (vous voyez le genre, avec le gros bidon d'eau au-dessus) ne sont sollicités pour donner que de l'eau chaude, à quelques rares exceptions près. Et je dois avouer que j'ai pris cette habitude maintenant de toujours boire de l'eau chaude sans chercher à prendre de l'eau fraîche... Même à la fontaine du travail.
Concernant les alcools, à Qingdao, il y a bien sûr la fameuse bière Qingdao, mondialement connue. Même à Paris, je me souviens que je pouvais en trouver, dans les restaurants chinois ou japonais. Une bière qui n'est pas la bière du siècle mais qui n'est pas désagréable non plus. Ici, on peut l'avoir dans des sacs plastiques, un peu comme le lait au Canada. Il existe aussi d'autres alcools très forts, qui se boivent chaud également, peut-être pour les mêmes raisons d'hygiène ou cas où l'alcool n'aurait pas tout tué. D'une manière générale, les Chinois ont une sacrée descente. Le problème aussi est qu'il ne faut jamais laisser son assiette ou son verre vide. Ça ne signifie pas que vous avez apprécié le repas mais que vous n'en avez pas eu assez. En conséquence de quoi on vous ressert. Et avec l'alcool, ça peut faire des dégâts. J'ai déjà vu des Chinois vomir dans la rue... Enfin, ça, je me rappelle aussi que le métro parisien ou montréalais recèlent parfois de petites... "pépites".

Je terminerai avec l'impact des JO, et traiterai le reste une prochaine fois. Par ailleurs, j'ai tellement de choses à raconter, et si peu de temps pour le faire, qu'il est probable que je continuerai encore mon blog de retour à Montréal, car je doute pouvoir tout mettre avant mon retour qui aura lieu le 3 avril. Cela dit, je rappelle encore une fois que, peut-être, je retournerai en Chine au mois de juin ou juillet si mon entreprise hôte me propose un premier emploi intéressant.

Bref, l'impact des JO à Qingdao, donc. C'est une ville très belle à voir pour le touriste. Surtout vers le centre-ville. Surtout que Qingdao a accueilli une partie des Jeux Olympiques pour les épreuves marines. Quand on est dans la zone du centre-ville et de la marina flambant-neuve, on voit que toutes les routes et rues sont neuves. Les bâtiments également ont de belles couleurs. Mais encore une fois, la Chine fait quelque chose qu'elle fait très bien : l'esbroufe. Ainsi, pas plus tard qu'hier, je sortais d'un restaurant en compagnie d'un ami et nous marchions dans les rues de la ville. Il me disait qu'il avait habité ce quartier il y a quelques mois. Je regarde un peu autour et lui dis que cela semble être un quartier très agréable : les routes sont belles, il y a des commerces un peu partout, les immeubles sont bien entretenus... Mais mon ami me dit qu'il n'en est rien. Derrière les façades flambant neuves des immeubles se trouvent des appartements apparemment en piteux état.
Et finalement, c'est ça l'autre image de la Chine. Des caches-misères pudiquement placés ici et là pour que le touriste de base n'est pas une vision misérabiliste de la ville et du pays. Je repense alors à ce que je vois quand je prends le bus qui m'amènent dans le centre-ville. Sur le bord des routes, il y a de grands panneaux publicitaires sur tout le long du chemin. Impossible de voir ce qu'il y a derrière. Mais à la faveur d'un pont qui nous fait prendre de la hauteur, on découvre alors ce qu'il y a : une gigantesque zone complètement rasée. J'imagine encore les nombreuses maisons de briques rouges qui devaient se tenir là, sur plusieurs hectares. Maintenant, il n'y a plus qu'un amas de briques, et ça et là quelques murs épars et solitaires qui semblent défier la bombe atomique ou la pelleteuse qui sont passés par là. Je devine les anciens chemins et rues, car les gravats qui n'ont pas été déblayés ont été tassés pour les laisser dégager. En voyant ça, je repense à certaines photos de mes livres d'histoire qui montraient des villes européennes à la fin de la seconde guerre mondiale.
Je me demande bien pourquoi toute cette zone a été rasée, surtout si c'est pour ne rien reconstruire par dessus visiblement. Ils n'ont quand même pas rasé toute cette zone pour crimepensée de ses habitants ?

Quelqu'un dont la compagnie m'est agréable (et qui se reconnaîtra peut-être s'il passe encore) m'a dit de ne pas hésiter de visiter "l'autre côté de la Chine". En voici donc une facette. Et il faudra aussi que je parle du misérabilisme en Chine. Et de certaines scènes que je vois parfois et qui soulève le coeur que je n'ai pas.

mercredi 14 janvier 2009

Message #05

Aujourd'hui, petit concentré de sagesse chinoise, laquelle est, comme chacun sait, multimillénaire. 

En France, quand on a l'oreille qui siffle, on dit que quelqu'un, quelque part, est en train de parler de nous. 

En Chine, ils ont à peu près le même système, mais avec les éternuements. 

Voici donc ce que nous enseigne la sagesse chinoise : 

Si tu éternues une fois : quelqu'un pense à toi. 

Si tu éternues une seconde fois : cette personne pense du mal de toi. 

Si tu éternues une troisième fois :


... 


Et bien tu as probablement attrapé un rhume. 

dimanche 11 janvier 2009

Message #04

Comme on dit vulgairement, "Ni Hao".

Je vais m'asseoir sur les questions posées précédemment, temporairement du moins, pour aborder un aspect de mon voyage : la découverte de la langue. Évidemment, quel intérêt de se trouver en Chine et de ne pas apprendre le chinois, ou au moins quelques rudiments ? Il est certain que je ne vais pas devenir bilingue en quelques mois mais tout de même, il y a un effort à fournir, surtout si mon séjour devait s'éterniser, ce qui n'est pas totalement impossible. Et puis, au cas où je ne l'aurais pas déjà dit, mon but ultime est d'apprendre le chinois et le japonais. Ce qui fera de moi un polyglotte capable de s'exprimer en cinq langues et d'en comprendre cinq et demie. La classe, non ? Enfin, pour le moment, c'est encore qu'un rêve.

Asseyez-vous, bande de délinquants, et écoutez-moi avec attention pour une petite présentation de la langue chinoise.

Comme certains doivent le savoir, le chinois à proprement parler n'existe pas. Il n'existe pas un chinois mais différentes langues chinoises dont la plus importante est le mandarin qui sert par ailleurs dans les communications du pays. C'est un peu leur lingua franca entre Chinois. Le mandarin est parlé dans la région de Pékin et jusqu'au nord du pays à la frontière avec la Corée du nord, puis aussi dans le sud. C'est le poids lourd des langues chinoise, avec plus de 800 millions de locuteurs. Derrière vient le wu, avec 77 millions ; le cantonais, 71 millions ; le min, le jin, le xiang, le hakka, le gan, le hui et enfin le ping. Ceci sans évoquer les différents accents locaux, bien sûr. Quand on apprend le chinois, on apprend cependant dans la plupart du temps le mandarin.
Le chinois (et dans mon cas, le mandarin pour ceux qui ont suivi...) est une langue où l'intonation est d'une importance capitale. Il ne s'agit pas d'un simple accent tonique (où dans le cas du grec, le changement de place de l'accent tonique peut modifier le sens du mot) mais de véritables modulations de la voix sur chaque syllabe prononcée. Il existe quatre tons différents, et plutôt que de me fatiguer à vous les décrire, je vous donne un petit schéma très bien fait qui vous explique ce que vous êtes sensés faire comme intonation.





















Comme vous le voyez, il s'agit de prononcer la syllabe avec un ton haut perché et régulier, ou de descendre vers les graves, ou remonter vers les aigus, voire les deux à la fois. À ce point là, c'est orgasmique. Et pour le plaisir, il existe un cinquième ton, qui n'en est pas vraiment un, et qui consiste justement à dire une syllabe sans aucun des quatre tons décrits précédemment. Il s'agit de dire cette syllabe rapidement, sans s'arrêter dessus.
Les tons sont d'une importance extrême, car le sens change en fonction de l'intonation, et pas qu'un peu ! Si on prend la syllabe "ma" et les cinq manières de le prononcer, vous pouvez dire : cheval, maman, injurier, chanvre, ou indiquer que vous posez une question. D'autres mots auxquels je dois porter grande attention pour le moment car j'en connais les différents sens sont "ba", papa, huit, marque d'exclamation, "shi", être, ou dix, ou encore "zhong yao", qui peut vouloir dire "médecine chinoise" ou "important". Attention, ces mots ne signifient pas seulement ce que je viens de dire, ils ont aussi d'autres significations selon les autres tons, mais je ne connais pas encore leur signification dans ce cas là. 

Mais pourquoi les Chinois nous imposent-ils une langue si dure et qui donne l'impression d'avoir été inventé par un pékin qui adorait la masturbation mentale ? (En parlant de ça...)(Non, rien...)
Et bien tout simplement parce que le chinois, sans être une langue composée uniquement de mots monosyllabiques, n'a pas choisi de créer des mots à rallonge comme "anticonstitutionnellement" ou "Rindfleischetikettierungsüberwachungsaufgabenübertragungsgesetz" (qui veut réellement dire quelque chose). Or, en combinant toutes les initiales (La première lettre d'une syllabe) et les finales (les lettres qui suivent), on arrive seulement à un total de 400 combinaisons possibles. Probablement suffisant pour s'adresser à l'électeur de base du FN ou de l'ADQ mais largement insuffisant pour former une langue complète. Or, avec les quatre tons, on obtient 1 600 possibilités, ce qui est déjà mieux. Voilà qui explique pourquoi la plupart des mots chinois sont monosyllabiques ou bisyllabique et vont rarement au-delà.

D'un point de vue rationnel, on peut se dire "Oui, pourquoi pas ? C'est pas plus con que d'assembler plusieurs syllabes pour former un nouveau mot...".
D'un point de vue pratique, ça fait royalement chier.

Ce n'est pas forcément se rappeler de chaque ton correspond à chaque mot qui est difficile... C'est surtout d'être capable de faire ledit ton. Théoriquement, et le schéma le montre, ça a l'air bien facile. Mais dans la pratique, il est très difficile de faire les tons, surtout dans des phrases complètes. Prononcer un seul ton à la fois, ça va encore... Mais les enchaîner et moduler continuellement sa voix est, pour qui n'a pas l'habitude, bien éprouvant.
Mais le bon point est que c'est peut-être la seule difficulté de la langue chinoise parlée, à part les "classificateurs" que je n'aborderai pas puisque je les utilise encore mal. 
En effet, une fois les quatre tons maîtrisés, ce n'est pas la grammaire qui vous posera problème. Elle est réduite à son strict minimum. Il n'y a pas de temps, les verbes ne se conjuguent pas, pas plus qu'ils ne changent selon la personne qui parle. Pour se situer dans le temps, il suffit d'utiliser des mots comme "demain, hier, tout à l'heure, etc..." Pas de reliquat de déclinaisons comme "je, me, moi, mon, mes...". Pour tous ces mots, il n'y en a qu'un seul, wo (à prononcer avec le troisième ton). Ni et Ta sont respectivement "Tu, te, ton, etc..." et "Il/Elle, se, son, etc." Pour le pluriel, il suffit de rajouter "men" : women, nimen, tamen. Si vous souhaitez poser une question, parlez simplement à l'affirmative en rajoutant la particule "ma" à la fin. Une autre manière de construire les questions et que je trouve amusante est de doubler le verbe de la phrase, une fois à l'affirmative, une fois à la négative. Ainsi, pour demander si quelqu'un vient, vous pourriez dire, mot à mot : "Il vient, vient pas ?"

Mais laissons maintenant la langue chinoise pour aborder son écriture.

Apprendre le chinois ne nécessite pas l'apprentissage des caractères, car le PCC a développé le système pinyin, une forme de romanisation du chinois (écriture du chinois dans notre alphabet) qui permet d'écrire les mots et de visualiser leurs tons. Toutefois, je m'essaye malgré tout à l'apprentissage de l'écriture. D'ailleurs, voyez-vous une différence entre :

第一条



人人生而自由,在尊严和权利上一律平等。他们赋有理性和良心,并应以兄弟关系的精神相对待

et

第一條

人人生而自由,在尊嚴和權利上一律平等。他們賦有理性和良心,並應以兄弟關係的精神相對待

(Premier article de la déclaration des Droits de l'Homme. Ironique, non ?)

Allez, c'est pourtant facile.

Vous ne voyez pas que la première version est plus facile que la seconde ? C'est pourtant évident...
Jugeant que la complexité des caractères pouvaient nuire à l'alphabétisation du pays (Allons donc, serait-ce possible ?), le PCC a décidé dans les années 50 de simplifier quelques caractères. Entre 2 et 3 000 de mémoire, mais il me semble que c'est plus autour de 2 000. La simplification a consisté à remplacer certains sinogrammes jugés trop complexes à écrire. Notez la différence entre 嚴 et 严. Toutefois, certains ont critiqué la simplification parce qu'on perdait des symbolismes pourtant faciles à déchiffrer. Regardez en effet le caractère pour le mot "porte", 门 en simplifié, mais qui autrefois s'écrivait 門. On reconnaissait bien une porte avant, non ? Selon que vous êtes contre cette réforme, vous parlerez d'écriture "traditionnelle, orthodoxe" pour désigner la forme traditionnelle. Si vous êtes pour, vous parlerez d'écriture "ancienne" ou "complexe".

Les caractères chinois sont l'évolution d'une écriture qui représentait autrefois réellement les mots désignés, un peu comme les hiéroglyphes. Et puis, le caractère pour homme, 人, est assez facile à reconnaître non ? Certes, il lui manque les bras, mais bon. Dans le caractère pour la femme, 女, vous devez essayer de découvrir une femme enceinte.
D'autres caractères sont formés par association de différents caractères. Un que j'aime particulièrement, le symbole pour "bien", "bon", est l'assemblage du caractère de la femme et de l'enfant mis côte à côte. 女(femme) + 子(enfant) = 好 (bon, bien). Simple, non ?
Les caractères représentent un mot ou une syllabe (ce qui coïncident souvent, comme je l'ai dit). Il peut exister différents caractères pour la même syllabe selon le ton à mettre (logique, puisque le sens est différent) mais il peut aussi exister différents caractères pour des mots exactement identiques. En effet, le chinois, malgré ses tons, n'échappent pas à la présence d'homonymes. La lecture du caractère permettra d'échapper à toute ambiguïté. Prenons la particule Ta, prononcé au premier ton, et qui veut dire Il ou Elle comme je l'ai déjà dit pour ceux qui suivent. À l'oral, il n'y aucune différence selon que l'on désigne une femme ou un homme. À l'écrit pourtant, il y aura pour le masculin 他, et pour le féminin 她. Notez par ailleurs encore une fois la présence du caractère de la femme dans la version féminine. On appelle "clef" ces caractères que l'on retrouve dans d'autres. Ainsi, sans connaître un caractère nouveau, on peut avoir une idée de sa signification ou à quoi il se rapporte si on parvient à trouver une clef que l'on connaît.

J'entends la sonnerie de la récré. Bonne journée.

dimanche 4 janvier 2009

Message #03

Bien. Abordons un peu les raisons de ma présence en Chine ainsi que la famille avec qui je vis pour contenter les quelques curieux qui se sont adressés à nous.

Tout d'abord, il faut savoir un premier truc avec moi : ça va faire deux ans et demi, bientôt trois dans deux mois, que je m'emmerde continuellement. Je trouve ma vie fade et sans goût. Du coup, je ne tiens pas en place. Il faut que je parte régulièrement, que je laisse tout derrière moi et que j'aille voir un peu si l'herbe est plus verte ailleurs. C'est pour cela que je suis parti de Paris et que je me suis établi à Montréal. Et puis différentes choses ont fait que je tenais à partir une nouvelle fois. J'avais choisi cette fois le Japon ou la Chine, selon les opportunités qui s'offriraient à moi.
Je mène des études formidables, et comme je suis très intelligent (n'est-ce pas ?), j'ai justement eu l'occasion de mettre les bouts une nouvelle fois. Je rappelle pour ceux qui ne me connaîtraient que de loin que j'essaye de terminer une maîtrise de science politique, plus orientée sur la politique internationale et comparée. Après la rencontre de deux-trois professeurs très intéressants et décisifs dans mon parcours, je me suis spécialisé dans les relations sino-japonaises.
Or, vous pouvez lire tous les bouquins que vous voulez, être capable de blablater pendant une heure sur le fonctionnement du PCC ou les motivations chinoises pour agir tel qu'ils agissent envers Tokyo, si vous n'avez jamais mis un pied dans un pays ou dans l'autre, vous ne connaissez au final pas grand chose ! La vraie vie quotidienne des Chinois ou des Japonais, ce qu'ils peuvent penser l'un de l'autre quand on les interroge, c'est difficilement accessible par les livres.
Or, il existe en Chine une entreprise qui fait office de "courtier de stage". Vous lui donnez votre CV et une lettre de motivation et ils regardent dans leur réseau s'ils n'ont pas une entreprise intéressée par la possibilité d'exploiter d'engager un stagiaire. L'entreprise que j'ai contactée, en plus de me trouver le stage, vient me chercher à l'aéroport et me trouve la famille.

Concernant le stage, il est à priori sans rapport avec mes études. Mais quand on est intelligent, on trouve toujours des points à analyser avec les lunettes d'un étudiant de science politique. Je travaille dans une entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables et principalement solaire. Mon titre officiel, c'est "Assistant-Directeur de Secteur". Ça pète, non ? La société est surtout axée sur le photovoltaïque et les chauffe-eau solaires. Mais nous sommes des fabricants, ce qui signifie que l'on traite uniquement avec les distributeurs et autres grands comptes capables d'acheter par containers entiers. Je fais diverses tâches, comme traduire le site de la société en français, assister le directeur dans son travail et gérer moi-même les relations avec certains de nos clients...
Le simple fait que ce soit en Chine est d'un grand intérêt pour moi. Une entreprise privée alors que la majeure partie des étudiants de science politique partent dans le public a également plu au département de l'Université de Montréal. Ensuite, il y a divers intérêts à faire un stage dans une entreprise étrangère (elle est espagnole) installée en Chine. Mon rapport de stage pourrait porter sur les raisons qui ont poussé la compagnie à s'installer en Chine, et spécifiquement à Qingdao (Certes, on pense au coût de la main d'oeuvre, mais est-ce le seul avantage ? Sans parler qu'il s'agit d'une main d'oeuvre qualifiée. Est-ce que le gouvernement chinois ou provincial a cherché à attirer des investisseurs ? Comment ?) ou sur la corruption (Ne soyons pas naïf : une entreprise étrangère qui s'installe en Chine et qui obtient toutes les autorisations sans que quelque part il y ait eu une "petite" fuite ?)

Concernant la famille chinoise qui m'héberge maintenant. C'est un couple plutôt jeune ayant un chiard une fille de neuf ans. Moi qui ai beaucoup de mal avec les enfants (Ça crie, ça pleure, ça chie, ça pue, ça mange, ça dort jamais), sauf ma petite soeur (Toute façon, toutes des salopes sauf maman, bien sûr), je dois avouer que celle-ci est très agréable. La mère travaille dans une entreprise d'import-export et part tous les matins pour revenir le soir. Le père travaille dans une université en tant que "lecteur" mais ne semble guère être occupé, puisque je le vois souvent à la maison. Cela dit, il s'occupe de la fille. Le quotidien d'une jeune fille chinoise qui va à l'école est beaucoup plus difficile, à mon avis, que celui des enfants français. L'école commence dès 7h30 pour se terminer passé 16h, mais il y a ensuite tous les soirs au moins deux heures de devoir. Je ne me rappelle pas que mes devoirs quotidiens me prenaient tant de temps.
La famille possède deux voitures, un pot de yaourt vert fluo (les adultes chinois ont des côtés très enfantins, en achetant "Hello Kitty" par exemple) et un 4x4 à la couleur indéfinissable.
Dans cette famille, c'est l'homme qui cuisine. C'est l'occasion d'aborder la cuisine chinoise. Qingdao étant une ville de bord de mer, les fruits de mer ont une part importante. Le problème est que je n'aime pas ça, mais que je ne sais pas dire non en chinois. Et que je ne veux pas les offenser non plus. Mais du coup, je me suis retrouvé à manger des poissons entiers, des coquillages, des crabes, entiers également. Bon, je n'aime pas ça, mais je me force et puis après tout, je sais que c'est bon pour ma santé. Évidemment, la gastronomie locale ne saurait se passer de riz et de nouilles. Parmi les viandes, il y a du poulet et du porc principalement. Pour les choses vraiment exotiques, j'ai eu l'occasion de manger des vers (gros modèle, genre ver à soie, pas ver de terre) et ce que j'estime être des grillons. Les vers, je n'aime pas. Il y a un petit goût qui ne me revient pas. Concernant les grillons, c'est pas désagréable mais il faut bien mâcher, sinon, vous sentez leurs petites pattes vous gratter la gorge et ce n'est pas spécialement agréable.



































Pour rester dans le dégueulasse, mon patron a mangé des scorpions lundi dernier.

Cela étant, je rappellerai aux écoeurés que la France est connue pour ses escargots et ses cuisses de grenouilles (Je n'aime pas les escargots, mais les cuisses de grenouilles ne sont pas désagréables).

J'ai pris quelques photographies avec mon portable pour vous montrer à quoi peut ressembler une table chinoise. On n'a pas une assiette à soi. En général, on dispose plusieurs plats au centre de la table et on pioche avec ses baguettes un peu partout. On dispose par contre d'un bol de riz bien à soi. En passant, il va de soit que je ne me sers plus que de baguettes dorénavant pour manger. Une petite habitude à prendre que j'avais déjà acquise dans un restaurant japonais très bon et pas cher proche de la Sorbonne que je recommande aux Parisiens en passant (Kyotori, rue M. le Prince). Cela me fait même bizarre dorénavant quand d'aventure j'ai à me servir d'une fourchette.